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Réguler ses émotions et s’en faire des alliées

Il nous arrive à tous d’avoir des hauts et des bas. Quand tout va bien, on ne se pose pas forcément la question « Tiens, pourquoi ça va bien aujourd’hui ? » Par contre, quand quelque chose va mal, il est fréquent de se demander « pourquoi ? ». Dans ces moments là, nos émotions sont le plus souvent jugées « négatives » : tristesses, nostalgies, déprimes, frustrations…

La question du coach c’est « est-ce que cette émotion m’aide ou me permet de faire ce que j’ai à faire ? » Être triste peut faire parti des étapes d’un deuil, en ce sens, vivre cette étape me permet d’avancer à l’étape suivante. A l’inverse, rester dans ce sentiment, sans évolution, pendant longtemps n’est pas aidant…

Une forme d’intelligence émotionnelle est présente lorsque l’émotion que je ressens me permet d’avancer. Comment faire pour avoir des émotions aidantes et aller vers une plus grande intelligence émotionnelle.

Améliorer l'intelligence émotionnelle avec la gestion des états internes

La gestion des états internes (et des émotions) consiste en plusieurs points :

  1. Choisir l’émotion ou un état interne par rapport à un objectif
  2. Susciter, retrouver une émotion ou un état interne
  3. Maintenir cet état tant qu’il est utile
  4. Dissiper les émotions ou les états internes limitants
  5. Se connaître et anticiper les contextes et les états internes qui seront aidants/limitants.
Le premier point nécessite de savoir définir un objectif et de se projeter, de faire « comme-ci » j’étais entrain de réaliser ce dernier. Les points 2 à 4 sont liés à des compétences émotionnelles pratiques. Le dernier point consiste à avoir une « stratégie émotionnelle » adaptée aux situations et à nos limites. Ce point nécessite de l’anticipation et des retours d’expériences (qui permettent d’avoir une meilleure connaissance de soi).

Différences entre émotions vs sentiments vs états internes

Avant d’expliquer les différences entre ces termes sachez que :
  • Il n’est pas nécessaire de comprendre ces différences pour améliorer son intelligence émotionnelle
  • Tous nos ressentis ont une fonction / une utilité
  • S’il y a un terme à connaître, c’est celui d’état interne.

L’émotion

Dans la littérature scientifique, il existe plusieurs définitions du terme. Prenons celle du Larousse : « Réaction affective transitoire d’assez grande intensité, habituellement provoquée par une stimulation provenue de l’environnement. » Comme la racine latine l’indique, « emovere », nos émotion nous mettent en mouvement. Ce n’est pas un hasard si le terme « motivation » partage la même racine. Une émotion est donc une réaction psychologique et physique, qui tend à nous faire faire quelque chose : la colère tend à nous faire combattre, la peur à nous faire fuir, le dégoût à éviter l’aliment… etc. A titre d’information, certaines théorie en psychologie indique qu’il existerait 6 émotions de bases : tristesse, joie, dégoût, surprise, colère, peur  (cf. la classification des émotions selon Paul Ekman). Comme le souligne Anthony Robins dans sa vidéo (8mn29s) nos émotions sont des sources d’énergies – ou de pertes d’énergies – dans notre quotidien. En ce sens, construire une bonne hygiène émotionnelle, c’est avoir de l’énergie pour faire les choses importantes et ne pas en perdre avec des choses secondaires. Par ailleurs, en psychologie, la durée d’une émotion est courte : de la seconde à la minute en général. Si pensez être triste ou malheureux pendant 48h, n’oubliez pas que vous dormez et faites un nombre de choses importantes qui font varier votre état. Souvent, ce sont nos sentiments ou nos humeurs qui persistent et provoquent ces sensations. Pour finir, sachez aussi que ce contient le mot émotion est définit différemment selon les sources comme dans cet article de 2014.

Sentiment et humeur

Nos sentiments eux sont définis par le Larousse comme : « un état affectif complexe et durable lié à certaines émotions ou représentations. » On retrouve pour nos humeurs, une notion de durée qui est aussi plus longue que celle d’une émotion.

Pour simplifier parlons de l’état interne (issu de la PNL)

Un état interne est l’ensemble des ressentis d’une personne à un moment donné. Cette définition englobe émotion, sentiment et tous les autres ressentis. A un instant donnée nous avons donc tous un état interne. La caractéristique d’un état interne c’est son utilité par rapport à un objectif : un état interne ressource ou un état interne aidant permet d’atteindre un objectif. A l’inverse un état interne limitant, nous limite dans nos choix d’actions ou de comportements. Par exemple, quand le stress lors d’une présentation nous empêche de parler clairement, le stress devient un état limitant. J’insiste ici sur un point, il n’y a pas de bons états internes ou de mauvais. Tout dépend du contexte et de l’objectif. Le stress peut par exemple me sauver la vie si je dois sortir d’un bâtiment en feu. Cette vision des choses est primordiale car elle permet de réduire les jugements sur les états internes (et donc les sentiments, émotions) qui se présentent à nous et à conserver une forme d’objectivité.

Intelligence et régulation émotionnelle, plus facile à dire qu’à faire ?

Un exemple valant mille discours :

Robert s’énerve parce que sa femme vient de lui raccrocher au nez. Elle me manque de respect, se dit-il (c’est la source présumée de son émotion). Sous le coup de la colère, il boue (sensation de chaleur). Alors qu’il s’apprête à la rappeler pour lui dire ce qu’il en pense, on frappe à la porte. Robert va ouvrir. Son voisin lui rapport un souvenir de vacance… En un instant, Robert passe de la colère à la surprise puis à la gène « Faillait pas ! », dira t-il.

Que s’est il passé ?

De manière simplifiée, on comprend qu’une première séquence a lieu lors de laquelle Robert va se mettre en colère. Juste après, le voisin frappe a la porte, et une seconde séquence se déroule, plus joyeuse celle-ci.
Si on s’attarde sur la première séquence, on obtient le schéma suivant :

 

Ce simple schéma peut nous permettre de comprendre, comment agir pour réguler nos émotions. Voici les étapes et leur déroulement le temps :

  1. Tout d’abord je perçois. Cette perception n’est pas la « Réalité Absolue » : un daltonien et un myope ne voit pas la même chose. Selon mes valeurs je n’observe et ne suis pas attentif aux mêmes choses.
  2. J’interprète à l’aide de mes convictions, de mes croyances et donc selon mon éducation et les informations que je possède ce qui me permet de donner un sens à ce que j’observe.
  3. Selon le sens accordé, ce qui se déroule me « met » dans un état. Mon émotion peut se déclencher malgré moi ou avec mon accord.
  4. Cette émotion me donne une énergie, un élan qui favorise certaines actions. Je choisis alors d’agir soit en accord avec cette émotion soit malgré cette dernière quand cela est préférable (et quand c’est possible).

Par ailleurs, au travers cet exemple quotidien on s’aperçoit que nos sentiments peuvent varier assez rapidement sans avoir rien a faire ! Dans cet exemple, le passage de la colère à la surprise est rapide.

S’il est possible de changer rapidement d’émotion sans avoir appris à le faire, le fait de vouloir influer sur nos émotions et de connaître certains outils va nous permettre d’y arriver consciemment et à des moments critiques ! Bien sûr, il va y avoir une limite. Nous reviendrons sur ce point.

Que pouvons nous faire pour mieux gérer nos émotions ?

En reprenant les numéros précédents, on va chercher à installer l’état interne aidant et dissiper les états internes limitants (étape 1 à 4). Certains des termes présents ci-après seront expliqués ultérieurement dans des articles dédiés.

En pratique, en repartant du schéma précédent, nous avons plusieurs possibilités :

  1. Intervenir (a) en amont de l’étape d’interprétation, (b) pendant ou (c) après :
    1. Préparer le terrain en installer un état interne aidant. Quel état/sentiment va m’aider pour aborder ces situations ?
    2. Se détacher de ses pensées/tester d’autres interprétations à l’aide
      d’outils tel que : la pleine conscience, les « et si ça voulait dire autre chose ? », …etc.
    3. Faire un travail sur nos convictions et notre interprétation des faits (a faire à un autre moment, en dehors)
  2. Gérer nos émotions en intervenant au plus proche de leurs apparitions.
    1. Conscientiser plus rapidement ses ressentis et émotions. Plus l’émotion est perçue rapidement, plus son intensité  sera faible et plus il sera possible de mettre en place des stratégies adaptées à la situation.Faire des scans corporels régulièrement est un bon point de départ.
    2. Distraire l’esprit par exemple avec une concentration sur le souffle, jouer avec les sous-modalités, faire intervenir des créations (un mentor, …), nommer le ressenti et le verbaliser (techniques de communication non violente)… etc. Il existent autant d’approche que d’étoiles dans le ciel !
  3. Lorsque le sentiment perdure, ce dernier peut être modulé en intensité et en durée de persistance.
    Pour cela, l’auto-hypnose ou des exercices respiratoires sont très efficaces. Les approches les plus simples sont les mieux : exercices de respirations conscientes par exemple.
    On fera attention à ne pas rendre acceptable une situation qui ne l’est pas. Par exemple, lors de certaines interventions en entreprise pour la gestion du stress, l’intervenant apprend aux salariés des techniques pour mieux « supporter le stress » plutôt que mettre en place des solutions pour ne pas générer ce stress. Il vaut parfois mieux s’attaquer aux mécanismes qui génèrent le stress (manque de personnel, de compétences, organisation incertaine…etc). A l’inverse en rentrant chez soi, il est préférable de se libérer du stress de sa journée pour profiter au mieux de sa soirée.
  4. Bien sur, faîtes preuve de bon sens.
    Si ca ne marche pas une fois, vous pouvez reessayer. Si ca ne marche pas deux fois, pourquoi s’acharner ? Il a peut être une meilleure approche dans votre situation.
    Si vous sentez que vos sentiments échappent à votre contrôle, il est peut être temps de vous isoler un temps pour vous changer les idées un temps.

Pour résumer

  • Un état interne est l’ensemble des ressentis d’une personne à un instant donné
  • Tous nos états internes sont le fruit d’un apprentissage. La régulation de ces états internes consiste à augmenter nos choix en apprenant à avoir d’autres ressentis dans une situation donnée
  • Nos émotions sont des messagers. Chacune porte un message.
  • Ce message est censé nous aider à nous mettre en mouvement et à agir
  • Parfois une émotion ne nous aide pas à agir dans notre intérêt. Il est possible d’influencer l’apparition et la persistance de cette émotion en agissant à plusieurs moments :
    1. l’interprétation des faits,
    2. la perception et la détection de l’émotion,
    3. l’émotion directement,
    4. notre attention pour l’orienter ailleurs et indirectement modifier notre émotion.
  • La régulation (et la gestion) des états internes consiste à choisir, installer et maintenir l’état interne le plus aidant pour une situation donnée et dans laquelle j’ai un objectif en tête.

Les prochains articles vont donner des outils concrets pour vous permettre d’agir.